Jacques Tardi est né en 1946. Il a fait ses études aux Beaux Arts de Lyon puis aux Arts Déco à Paris, où il vit toujours aujourd’hui.
Il signe l’un de ses chefs-d’œuvre avec l’illustration de « Voyage Au Bout De La Nuit » qui est parue en 1988. Tardi a travaillé pendant 8 mois sur cet ouvrage de 320 pages illustré par 500 images originales. C’est une nouvelle forme littéraire : un roman illustré. Ce livre n’est d’ailleurs pas le seul de Céline que Tardi ait illustré, il s’est aussi intéressé à « Mort à Crédit » et à d’autres romans.
Tardi est un grand fan de Céline, il le considère comme un géant de la littérature contemporaine : « … Les gens dont parle Céline, je les connais, et quelque part, ça me touche. Et puis y a aussi le fait que Céline soit un petit peu le roi du dérapage incontrôlé, c’est-à-dire que ses personnages sont toujours un petit peu à côté et ça c’est ce que je ressens profondément moi, dans le quotidien, dans la vie, les personnages ont bien souvent, Bardamu a bien souvent des choses très très simples à faire mais il n’y arrive pas... » (propos de Jacques Tardi tenus dans une vidéo, voir le lien plus bas)
Jacques Tardi a toujours été hanté par la Grande Guerre, son grand-père l’a faite mais a toujours refusé d’en parler à son retour. C’est alors sa grand-mère qui va raconter ces tragiques histoires de guerre, traumatisant Tardi quand il était enfant. Il en a longtemps fait des cauchemars, avant d’y puiser sa principale source d’inspiration. Il commence à se consacrer à la Première Guerre Mondiale dans les années 80 avec des bandes dessinées comme « C’était La Guerre des tranchées », « Adieu Brindavoine » ou encore « Putain De Guerre ». Il illustre le quotidien des soldats et l’horreur qu’ils vivent dans les tranchées avec une atmosphère pesante, bien rendue par sa façon de dessiner. En effet, Tardi est un maître du noir et blanc.
Son travail a été salué par l’ensemble des historiens pour la justesse du témoignage et la rigueur de la représentation. Il est aujourd’hui considéré comme un piliers de la BD française.
Avant de commencer à illustrer « Voyage Au Bout De La Nuit », Tardi a longuement hésité. « Quelques fois, je me disais que j’aurais mieux fait de faire de la randonnée pédestre dans le Périgord, plutôt que d’illustrer le vieux, vu qu’il est terriblement gênant. […] Mais c’est oublier le plaisir et l’enthousiasme que j’ai éprouvé à faire ce travail. Et je l’ai fait pour deux raisons : la qualité littéraire mondialement reconnue, dont il n’est même pas question de débattre, et aussi parce que ce texte me fournissait matière à des images » (Propos trouvés sur le site de Futuropolis)
« Le héros métaphysique de Céline est ce petit homme toujours en route, entre Chaplin et Kafka mais plus coriace qu’eux, vous le redécouvrez ici, perplexe, rusé, perdu, ahuri, agressé de partout, bien réveillé quand même, vérifiant sans cesse l’absurdité, la bêtise, la méchanceté universelles dans un monde de cauchemar terrible et drôle. Céline lui même a comparé son style aux bandes dessinées, aux « comics ». C’était pour dire qu’il allait toujours au vif du sujet, au nerf de la moindre aventure. Ce Tardi-Celine l’aurait ravi. » (préface de Philippe Sollers)
Maxime et Axel
Sources :
– http://www.futuropolis.fr/fiche_auteur.php?id_contrib=14543
– http://www.bdangouleme.com/386,tardi-et-la-grande-guerre
– http://www.telerama.fr/livre/festival-d-angouleme-tardi-dessinateur-indigne-et-engage,107867.php
Retrouvez ici l’interview de Jacques Tardi qui vient d’illustrer le Voyage (journal de France 3 du 28 octobre 1988)
Le Voyage de Céline 