Céline sur le front (août-octobre 1914)

Le roman « Voyage au bout de la nuit » est paru 14 ans après la fin de la première guerre mondiale. Il relève d’un genre de littérature de guerre propre aux années 1930. Le romancier n’a pas pris de notes pendant la guerre, le résumé de sa vie au front provient donc des lettres qu’il envoie à ses proches, en premier lieu ses parents, et de divers documents militaires (journaux de bord, historiques) détaillant les manoeuvres et combats menés par son régiment. 

Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à notre nation. La France  procède à une mobilisation générale, qui concerne également Destouches. Après avoir quitté sa caserne de Rambouillet le 31 juillet, en direction de la Meuse, il se retrouve dans la Woëvre, puis en Argonne, avant de participer à la bataille de la Marne. A la mi-août, son régiment rencontre pour la première fois l’ennemi. Dans ses lettres, il raconte à ses parents les moindres détails des affrontements auxquels il participe, allant jusqu’à joindre des plans.  Le 12e Cuirassier remonte ensuite vers le nord-ouest, c’est la « course à la mer ». Tout au long du mois d’octobre, les pertes sont nombreuses et Céline éprouve les horreurs croissantes de la guerre. Son régiment combat dans les Flandres, où il est blessé. Il aura parcouru 1483 km en 3 mois, à cheval puis à pied.

Louis se jette corps et âme dans la guerre, il ne doute pas un instant de la nécessité de sa présence au front. Contrairement à Bardamu qui se laisse envahir de désespoir. Pour parvenir à se détacher de l’idée qu’une gloire puisse être militaire, il a besoin de deux ans de recul. Les premiers temps, Louis envoie des rapports jounaliers à ses parents sur le déroulement des troupes pour les rassurer. Il se plaint aussi de la fatigue constante et du manque de ravitaillement, évoque les premiers morts et les difficultés rencontrées par les civils, mais il réaffirme sans cesse sa confiance en l’armée française et pense que la victoire est proche. Mais dans leurs lettres, ni Louis ni aucun soldat ne pensait que la guerre durerait quatre ans.. Il est rapidement lucide et espère la fin rapide de « cette tuerie effroyable où la vie ne pèse pas lourd » (lettre du 15 septembre). Toutefois, autant en actes qu’en paroles, il ne cesse de prouver son sens du devoir et son courage, n’hésitant pas à sauver des camarades blessés ou se porter volontaire pour des missions, dont celle qui occasionnera sa blessure.

Dans son œuvre, le romancier a complètement modifié la réalité en changeant la chronologie, les trajets parcourus ainsi que le nom des personnages, cependant il retranscrit tout de même dans son livre les sensations éprouvées. Il est fréquent dans l’année 1920 et 1930 que des écrivains procèdent de la sorte mais Céline a une particularité : il retranscrit ses émotions à travers des personnages nouveaux et leur fait subir des variations. Nombreuses de ses œuvres évoquent son engagement militaire notamment  le roman « Mort à crédit ».

Chloé et Jeanne

Sources :

– Louis Ferdinand Céline, au front en 1914 : le début d’un voyage , Louis Paul Astraud, Au Diable Vauvert, 2014

– Mémoire de master de Charles-Louis Roseau  « Les discours de Louis Ferdinand Céline sur la Grande guerre », Université Paris-Sorbonne Nouvelle, 2009-2010

Devenir Céline : lettres inédites de Louis Destouches et de quelques autres, 1912-1919, Gallimard, 2009

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